9 Octobre 2024
Huit ans après « Petit pays », couronné par treize prix littéraires, Gaël Faye, auteur franco-rwandais compositeur-interprète, et même rappeur (j’apprécie les paroles de ses chansons!) vient de publier « Jacaranda ».
Voilà encore un roman historique très, très fort, certainement un incontournable de cette rentrée littéraire.
Gaël Faye se penche à nouveau sur le Rwanda par le biais de Milan, vivant avec ses parents à Paris. Il est le fils d’un français et d’un rwandaise qui refuse obstinément de parler de son pays, jusqu’au jour où on amène chez lui le petit Claude qui a le même âge que lui et qui porte une horrible blessure à la tête. Ce sera le début, pour Milan, d’une quête incessante vers ses racines, ses malheurs tus, sa famille restée secrète, à travers quatre générations et des personnages hauts en couleurs.
Il est disponible à la Grande Bibliothèque d’Algarve en version Pdf ou en version Ebook. Contacter Anne-France Chapuis en message privé pour l’obtenir via Messenger ou WhatsApp ou en indiquant votre adresse mail à annefrance.chapuis@gmail.com
Il est donc question de cette histoire terrible du Rwanda dévasté par le dernier génocide de cette fin du XXe siècle, et de la difficile reconstruction de ce pays qui s’essaie malgré tout au dialogue et au pardon.
J’ai trouvé très intéressant, et pour ma part très instructif, cette remontée dans le dernier génocide du XXe siècle et surtout, le rôle majeur joué par les colons belges et les Pères blancs de l’Eglise catholique. J’ai été effarée de découvrir les méthodes « scientifiques » déployées pour décréter qui est Tutsi et qui est Hutu. Le gouvernement belge a favorisé les Tutsis dans l’accès aux études, aux postes administratifs et a donc provoqué cette lutte des classes, tandis que les Pères blancs ont favorisé les Hutus.
Mais j’ai aussi beaucoup apprécié le lien à cet arbre aux fleurs violettes (ce ‘jacaranda’ bien présent en Algarve !) dans lequel Stella aime se réfugier et qui porte en lui la trace d’un passé peu glorieux.
J’ai donc compris « Jacaranda » comme désir de réconciliation.
Le Rwanda a bien changé depuis. Les champs de ruines ont désormais laissé place à un pays moderne plébiscité par les touristes, à tel point que Gaël Faye rappelle que 70% de sa population est née après le génocide. Lui est né avant et se sent la responsabilité d’être le trait d’union entre ces générations, par devoir de mémoire.
Ce second roman, incroyablement bien construit, est facile à lire malgré l’extrême sensibilité de son sujet. Il mérite indéniablement le même succès que « Petit pays ».
Il est dur et beau à la fois.
Je ne peux que le recommander.
P.S. : Je viens d'apprendre qu'il fait partie des 10 livres sélectionnés pour le prochain Goncourt !