15 Février 2023
Je n’hésite pas, malgré la dureté du thème, à vous proposer la lecture du tout dernier roman de Philippe Besson intitulé : « Ceci n’est pas un fait divers ».
Voilà deux cents pages que j’ai lues d’une traite, pages que j’ai tournées avec grande émotion tant elles sont poignantes et bouleversantes.
Cet auteur m’avait déjà interpelée avec « Paris-Briançon » (que j’avais sélectionné l’an dernier pour la GBA). Il récidive avec ce qui lui a été raconté par celui qui l’a vécu.
Cette fois, le récit aborde avec l’extrême sensibilité qui caractérise l’écrivain, certainement pas un « fait divers », mais un vrai « fait de société » d’une grande complexité : les violences conjugales et le féminicide à travers les yeux des enfants du couple : Léa 13 ans et son frère aîné, 19 ans.
Passé le choc initial, ils vont devoir composer avec la tristesse, l’incompréhension, la colère mais aussi la culpabilité. Léa s’enferme dans le mutisme. Le jeune homme, dont on ignore le prénom, est habité par deux objectifs : protéger sa sœur et remonter le fil des évènements pour tenter de comprendre l’acte inintelligible du père.
Il est disponible à la Grande Bibliothèque d’Algarve en version Pdf ou en version Ebook. Contacter Anne-France Chapuis en message privé pour l’obtenir via Messenger ou WhatsApp ou en indiquant votre adresse mail à annefrance.chapuis@gmail.com
Philipe Besson excelle à décrire les sentiments, les émotions. Il réussit avec beaucoup de subtilité et de pudeur à allier la complexité des rapports familiaux et la profondeur psychologique des personnages pour évoquer la culpabilité et le silence de tous ceux qui n’ont pas su voir le drame qui aurait dû être évité.
Voilà donc un magnifique roman sur le deuil et l’innocence perdue de victimes invisibles, le combat difficile pour réapprendre à vivre, un roman sur la résilience et l’amour fraternel qui permet de survivre à l’inconcevable.
On ne peut que se satisfaire que la thématique des violences conjugales soit enfin prise en compte aujourd’hui au sein de nos institutions (police, justice, législation). Voilà donc un roman utile et nécessaire pour que le féminicide (l’usage de ce mot est très récent) ne soit plus considéré comme un « crime passionnel » à ranger dans la rubrique des faits divers.
Un très beau roman que je ne peux que conseiller.