3 Février 2021
Je vous propose cette semaine la bombe de cette rentrée littéraire :
« La familia grande » de Camille Kouchner
Plus qu’un témoignage implacable, il s’agit d’un cri, que l’on va qualifier de pudique, pour pouvoir vivre au delà de « l’hydre » (terme utilisé par l’auteur) qui l’étouffe depuis trente ans. C’est un récit tétanisant sur l’inceste et son omerta.
J’avais beaucoup hésité avant d’entreprendre sa lecture, le battage médiatique une nouvelle fois à son comble. Mais je n’ai pu le lire que d’une traite.
Il est disponible à la Grande Bibliothèque d’Algarve en version Pdf ou en version Ebook. Contacter Anne-France Chapuis en message privé pour l’obtenir via Messenger ou WhatsApp ou en indiquant votre adresse mail à annefrance.chapuis@gmail.com
Le titre est bien choisi, puisqu’il est question d’une grande famille recomposée… Ce sont au départ des intellectuels engagés dans une conception libertaire de l’éducation des enfants et de leur éducation sexuelle.
Dans son récit autobiographique, Camille Kouchner (fille de l’ancien ministre Bernard Kouchner) brise un tabou familial gardé sous silence pendant trente ans. Il faudra attendre la mort récente de sa mère (qu’elle vénère et déteste à la fois) après celle, non élucidée, de sa tante (qui n’est autre que l’actrice et écrivain Marie-France Pisier).
Il ne s’agit pas d’elle mais de son frère jumeau et de son beau-père, professeur de droit constitutionnel reconnu et superstar du monde intellectuel et médiatique de ces dernières années. Elle ne nommera jamais Olivier Duhamel, le coupable qui n’est pas détesté… C’est cet incroyable paradoxe qui fait hésiter la narratrice.
Elle se libère par cet écrit qu’elle s’autorise enfin, avec l’accord de son frère jumeau, trop longtemps dans le déni. Les mots vont droit au but, ne cachant ni l’horreur provoquée par un milieu dit privilégié mais refermé sur lui-même, ni la souffrance au plus profond de chacun des membres de cette famille.
Ce récit est très courageux. Il réveille les consciences et offre de solides points de repères à toutes les victimes perdues dans le mutisme et la culpabilité. « En ne désignant pas ce qui arrivait, j’ai participé à l’inceste » avouera-t-elle.
A lire absolument. On ne peut rester indifférent. Encore une fois, l’écriture est salvatrice !