5 Juin 2024
Je viens d’avoir le bonheur d’assister à la pièce de théâtre «Camus, Casarès, une géographie amoureuse » programmée par l’Alliance Française dans ce petit bijou de théâtre à l’italienne que recèle la ville de Faro. Les deux acteurs, primés au Festival d’Avignon, témoignent de cette magnifique histoire d’amour, de complicité intellectuelle et passionnelle qui a uni pendant douze ans Albert Camus et Maria Casarès.
Je possédais le manuscrit « Albert Camus, Maria Casarès, Correspondance (1944-1959) mais n’avais pas osé le proposer étant donné le nombre de pages… 1312 pages tout de même pour 865 lettres passionnées ! Je ne résiste plus désormais après avoir assisté au jeu subtil de ces acteurs engagés.
J’avoue que je suis loin d’avoir tout lu de cette correspondance amoureuse. Je conseille le début pour comprendre le contexte de cette idylle et aussi la fin, que l’on sait tragique avec la mort accidentelle de Camus et de son compagnon de route, l’éditeur Gallimard, début janvier 1960. Mais nous pouvons interrompre et reprendre une lettre ou plus au gré de nos envies et de nos disponibilités.
La correspondance entre l’écrivain Albert Camus et l’actrice Maria Casarès dure de 1944 à 1959. Maria qui a gardé ces lettres précieusement, demande à Catherine, la fille d’Albert Camus, l’autorisation de les vendre. Elle a besoin d’argent. Catherine réunit la somme nécessaire, achète et garde cette correspondance qu’elle ne fera publier (chez Gallimard !) qu’en 2017, bien après le décès de Maria. La préface de Catherine Camus est d’ailleurs fort émouvante et empreinte d’une admiration inconditionnelle pour ces deux êtres d’exception.
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Ils se sont rencontrés à Paris le 6 juin 1944, jour du débarquement allié. Jusqu'à la fin tragique de l’écrivain, Albert et Maria n’ont jamais cessé de s’écrire, notamment lors des longues semaines de séparation dues à leurs engagements respectifs, l’un obéissant à la promotion de ses livres… ou à ses obligation familiales, l’autre à ceux de ses représentations théâtrales. Albert ne quittera jamais son épouse Francine, rencontrée à Oran en Algérie, sa terre natale.
L’écriture de Camus (Prix Nobel de Littérature en 1957) s’est débarrassée de toutes les contraintes de la narration. Elle est ici beaucoup plus spontanée que ce que l’on connaît de ses œuvres majeures. Celle de Maria révèle des qualités scripturales insoupçonnées. Souvent, Camus écrit sa peur d’être abandonné et le spectre de la maladie, qui le mine, le taraude. Maria explore au plus profond de ses sentiments, et exprime sa fragilité, ses doutes.
Ce sont des lettres fusionnelles qui comblent comme elles le peuvent les absences obligées de chacun. Celles-ci ne sont pourtant pas un obstacle rédhibitoire. Au contraire, ils s’en nourrissent pour entretenir une relation épistolaire profonde et passionnante et qui sert de « carburant » pour les sentiments qu’ils éprouvent l’un envers l’autre.
Ce recueil épistolaire est aussi le reflet d’une époque à peine remise de la seconde guerre mondiale.
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