1 Mars 2022
CULTURE DU PORTUGAL
Nous sommes au cœur du XIXème siècle, époque où la société portugaise était encore très dominée par le pouvoir « masculin ». Lorsque surgit de nulle part ailleurs, en plein cœur de ce Douro viticole une femme dotée d’un vrai tempérament d’homme …..
Antónia Adelaide Ferreira dit Ferreirinha.
Née à Peso da Régua, en 1811, dans une riche famille du Douro, qui possédait de nombreux vignobles dans la région. Après un mariage « arrangé » par son père avec un cousin qui ne s’intéressait qu’à dilapider la fortune familiale. De cette union naquît deux enfants. Peut-être par un bienheureux hasard, elle se retrouva veuve à 33 ans. A dater de cet instant, elle reprit l’entreprise familiale et se découvrit une vraie passion pour la gestion des terres viticoles dans ce Douro qui allait être malmenée par les épidémies frappant les vignes.
Prenant donc les rênes de l'entreprise, elle défia les gouvernements, parla aux dignitaires sur un pied d'égalité et est devenue de plus en plus riche et puissante.
Lorsque l’Oïdium arriva en 1870, il détruisit une grande part des vignobles, réduisant de ce fait l’offre sur le marché. Mais Ferreirinha qui avait stocké de grandes quantités de vin excédentaire, les mis alors sur le marché. Profitant alors de la flambée des prix faute d’offre, elle agrandit considérablement sa fortune.
Puis vint le phylloxéra, une autre maladie affectant les vignes et cette fois avec une progression irrépressible se propageant sur tout le Douro, de nombreux producteurs disparaissent, le vin se raréfiant de nouveau. Les domaines de Ferreirinha sont également durement touchés, mais une fois de plus elle décide de riposter.
Mais lassée par l’indifférence des gouvernements portugais, elle partit en Angleterre pour comprendre ses épidémies et apprendre à les combattre. De retour au pays, elle entreprit une vraie révolution dans la façon de produire le vin. Elle racheta de nombreuses fermes pour éviter qu’elles ne tombent entre les mains des Anglais et entrepris des oeuvres sociales en fondant des hôpitaux tels ceux de Régua et de Lamego.
Au-delà du vin, elle investit également dans les plantations d’amandiers, d’oliviers et de céréales.
Mais sa principale fierté était naturellement la Quinta do Vesúvio dans laquelle elle s’investit personnellement
Elle décéda à 84 ans en 1896 dans sa ville de Peso da Régua.
Elle réussi à s’imposer dans un monde où tout le monde disait que ce n’était pas le sien ! Aujourd'hui encore, le prix Dona Antónia Adelaide Ferreira continue à être décerné à des personnalités féminines portugaises qui, d'une certaine manière, ont reproduit l'exemple extraordinaire de Ferreirinha, que ce soit dans l'aspect social ou économique.
L'histoire de ce qui est la plus ancienne région viticole du Portugal ne peut être écrite sans mentionner le nom, la vie et l'action de Ferreirinha, une femme à l'entrepreneuriat et au dynamisme singuliers, qui a porté le vin de Porto à ses plus hauts niveaux.