13 Novembre 2024
Je m’étais persuadée que « Jacaranda » de Gaël Faye (ma sélection du 9 octobre) remporterait le Prix Goncourt. Il a été récompensé par le non moins prestigieux Prix Renaudot. Je partage donc avec vous le roman de celui qui vient de recevoir le Prix Goncourt : Kamel Daoud, lequel a courageusement choisi les mots contre le silence, avec « Houris ».
Voilà un formidable travail de vulgarisation historique. Kamel Daoud revient sur les ‘années de plomb’ de l’Algérie qui a subi une guerre civile plus que barbare (de 1992 à 2002) et qui a fait 200 000 morts ! Depuis 2005, une loi algérienne interdit d’évoquer cette décennie noire et rend l’oubli ‘obligatoire’, sous peine de prison si on ose évoquer une autre guerre que celle de l’Indépendance mettant fin à la présence française en 1962.
La guerre civile, par conséquent tabou en Algérie, est donc aujourd’hui racontée par celui qui l’a réellement côtoyée, alors qu’il était jeune journaliste algérien. C’est donc l’histoire dramatique d’Aube dont la famille a été assassinée et qui a été recueillie par Khadija qui se bat pour qu’elle retrouve sa voix. En effet, Aube est une jeune femme rescapée d’un massacre perpétré par les islamistes ; elle a survécu mais est restée muette, ses cordes vocales ayant été brisées.
Ce roman se présente, au début, comme un long monologue qui revient sur ces événements. Aube s’adresse en effet à l’enfant qu’elle porte, parce que seul cet être en gestation peut entendre la terrible histoire de sa mère. Elle s’adresse à lui en l’appelant « Houri ». Précisons que le titre ‘Houris’ renvoie au nom des femmes vierges qui attendent les hommes martyrs au paradis musulman…
Elle va ensuite faire d’autres rencontres sur la route qu’elle va emprunter pour tenter de comprendre l’indicible.
Il est disponible à la Grande Bibliothèque d’Algarve en version Pdf ou en version Ebook. Contacter Anne-France Chapuis en message privé pour l’obtenir via Messenger ou WhatsApp ou en indiquant votre adresse mail à annefrance.chapuis@gmail.com
Kamel Daoud entend donc lever le tabou de cette guerre civile dont le pays refuse de l’évoquer et rend ainsi un véritable hommage aux victimes. Il a donc quitté l’Algérie pour pouvoir écrire ce roman qui dénonce la brutalité et la cécité de son pays. Ce courage peut mériter le Goncourt !
Mais j’avoue que l’écriture, très ‘littéraire’ de ce roman historique, voire poétique dans le choix des mots et de la syntaxe ne rend pas non plus, outre la thématique, la lecture facile. Je suis loin de l’avoir terminé à l’heure de ma publication.
Voilà encore un roman qui interroge. Décidément je reste dans les sombres thématiques de notre temps qui interpellent (cf. ma sélection précédente !).
Promis, je serai plus légère la prochaine fois.