7 Mars 2018
« Les âmes grises » de Philippe Claudel
J’ai aimé le thème de ce livre, qui est disponible à la GBA (chez Martine Guillard) , car il nous présente une étude, sur la tristesse de ce que peut être le comportement humain face à un drame : l’assassinat d’un petit enfant et la recherche de son meurtrier.
Vous allez naturellement penser immédiatement à l’affaire Brigitte Deweare dans les années 70 et le juge Pascal ou à l’affaire Grégory dans les années 80 qui resurgit actuellement.
Et bien, comme quoi la nature humaine est malheureusement constante, nous sommes ici en 1917 …..
Une jeune enfant est retrouvée morte, assassinée sur les berges engourdies par le gel d’un petit cours d’eau .
C’est la Grande Guerre. La boucherie méthodique. On ne la voit jamais mais elle est là, comme un monstre caché. Que l’on tue des fillettes, ou que des hommes meurent par milliers, il n’est rien de plus tragiquement humain.
Qui a tué Belle de Jour ? Le procureur, solitaire et glacé, le petit Breton déserteur, ou un maraudeur de passage ?
Des années plus tard, le policier qui a mené l’enquête, raconte toutes ces vies interrompues: Belle de jour, Lysia l’institutrice, le médecin des pauvres mort de faim, le calvaire du petit Breton... Il écrit avec maladresse, peur et respect. Lui aussi a son secret.
Les âmes grises sont les personnages de ce roman, tout à la fois grands et méprisables. Des personnages d’une intensité douloureuse dans une société qui bascule, avec ses connivences de classe, ses lâchetés et ses hontes.
La frontière entre le Bien et le Mal est au cœur de ce livre d’une tension dramatique qui saisit le lecteur dès les premières pages et ne faiblit jamais. Jusqu’à la dernière ligne.