17 Avril 2021
Le Portugal devient un royaume autonome avec Afonso Henriques, premier roi du Portugal (1109-1185). La communauté juive du nouveau royaume va alors connaître une histoire différente de celle de ses autres coreligionnaires de la péninsule Ibérique. En effet, le monarque, conscient de l’importance de celle-ci qu’il a libérée du joug musulman, lui accorde sa protection et nomme un grand rabbin afin de l’organiser.
Jusqu’à la fin du XIVe siècle, la communauté sera relativement protégée. La rivalité, qui oppose les deux royaumes de la péninsule Ibérique à cette période ouvre une ère de grande prospérité pour les juifs portugais, qui bénéficient de l’arrivée de leurs « cousins » espagnols à partir de 1391. Vers 1279, le pays comptait trente et une judarias. Deux siècles plus tard, il y en a 135. Toutefois, cette période n’est pas sans connaître de tensions entre juifs et chrétiens, car la bourgeoisie marchande naissante craint beaucoup l’influence judaïque et de leurs capitaux. Sous le règne de Jean Ier (1385-1443) sont promulguées des lois qui imposent un signe distinctif sur les vêtements et le couvre-feu de nuit dans les judarias. De loin en loin, de violentes crises explosent, comme l’attaque de la judaria de Lisbonne en 1445, qui fait beaucoup de victimes. De nombreuses conversions s’ensuivent. En 1492, avec l’édit d’expulsion des rois catholiques, le Portugal connaît un afflux assez important de population. Le roi Jean II autorise les juifs à pénétrer au Portugal contre le paiement de huit cruzados par tête et un séjour limité à huit mois.
Après des mesures très dures, comme la séparation des enfants des parents pour les élever dans la foi chrétienne et des pressions pour la conversion des adultes, le décret de décembre 1496 promulgue leur expulsion. Le roi, devant la difficulté de trouver des navires en nombre pour assurer le départ leur, prend le parti de les convertir tous au catholicisme, en une cérémonie unique. L’instauration de l’Inquisition, en 1547, autorise la poursuite, avec plus ou moins d’ardeur, des christaos novos qui pratiquent le judaïsme.
Au cours des grandes découvertes, le royaume s’ouvre à de nouveaux horizons. Les juifs portugais accompagnent ce mouvement. Ils s’installent aux Amériques. Ils participent aussi à cette période faste sur le plan intellectuel : certains deviennent physiciens, astrologues, cartographes, ou imprimeurs.
La diaspora judéo-portugaise exilée à l’étranger s’est essentiellement installée à Amsterdam où fut construit une grandiose synagogue en 1666, à Anvers ou au Brésil dans l’état de Récif.
Il faut cependant attendre le XIXe siècle pour que le judaïsme puisse à nouveau s’exprimer et se vivre librement sur la terre portugaise. Dans les années 1820-1830, des familles juives du Maroc viennent s’installer en Algarve et aux Açores. En 1860, une synagogue est élevée à Faro et à Lisbonne en 1904.
Durant la Seconde Guerre Mondiale, le consul portugais Mendes Sousa, en poste à Bordeaux, prend conscience du péril nazi et s’active pendant les quelques semaines de la débâcle pour fournir des visas, sauvant plusieurs milliers de réfugiés de la mort. Malgré la sympathie du président Salazar pour l’Allemagne nazie, le Portugal protège les juifs portugais au nom de la neutralité du pays.
En 1977, avec l’instauration de la démocratie, des relations diplomatiques sont établies avec Israël. En 1993, est posée la première pierre de la synagogue de Belmonte, qui sera inaugurée en 1996 à l’occasion de la commémoration de l’expulsion de décembre 1496. Aujourd’hui, quelques milliers de juifs vivent au Portugal, regroupés dans trois communautés principales : Lisbonne, Porto et Belmonte, et, sporadiquement, dans quelques autres villes.